Diabète, cancer, maladie d’Alzheimer : la marche aurait des effets bénéfiques aussi nombreux qu’insoupçonnés sur nos organismes. Nous avons donc décidé d’en savoir plus auprès d’un expert.
Pandémie de coronavirus, confinement et télétravail obligent, 2020 n’a pas été placée, jusqu’ici, sous le signe des grandes balades. Difficile, il est vrai, d’avancer dans une France à l’arrêt. Seulement voilà, il va falloir profiter de l’été pour se remettre (littéralement) en marche.
« Nous sommes programmés pour marcher » explique le Professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. « D’abord parce que cela nous permet de brûler des calories, mais aussi parce que chaque pas que l’on fait est bénéfique pour notre santé. »
MARCHER, C’EST BON POUR LES GÈNES !
Vous le savez, la marche est parfaite pour s’aérer l’esprit et se dégourdir les jambes. Mais ce n’est pas tout : « Nos gènes ne fonctionnent bien que si nous bougeons », explique le Professeur Carré. « La contraction des muscles permet de libérer des hormones qui vont agir sur différents systèmes de l’organisme. Ce sont ces hormones, notamment bloquées par les pesticides et les perturbateurs endocriniens, qui vont abaisser le stress oxydant. » Soit une agression des cellules qui favorise un certain nombre de maladies. Mais lesquelles ?
LA MARCHE PROTÈGE DES MALADIES CARDIO-VASCULAIRES ET MÉTABOLIQUES
« C’est très simple, déclare François Carré, en marchant régulièrement, vous réduisez de 25 à 30% le risque d’infarctus du myocarde, mais vous diminuez aussi celui de faire un AVC. On constate que les gens qui bougent en ont moins que les autres ! »
Mais la marche, qui permet également de maîtriser sa ligne, serait également une très bonne arme pour lutter contre le diabète de type 2. Celui qui, précise le Professeur Carré, est « non-génétique et lié au surpoids. Il a des effets délétères sur le cœur, les reins ou encore les yeux. Il est donc nécessaire de bouger… tout en faisant attention à ce que l’on mange, évidemment. »
SUS À ALZHEIMER
Le Professeur Carré est formel : « aucun médicament contre les maladies cérébrales comme Alzheimer n’est efficace aujourd’hui. Les études ont toujours été mal faites, et nous n’avons jamais eu de preuve formelle qu’ils fonctionnaient. » Alors, quelle solution ? Oui, vous l’avez deviné : marcher. « C’est le seul traitement dont nous disposons aujourd’hui pour les personnes âgées, et le meilleur moyen de prévention aussi. »
Mais attention, pas question de faire bouger les jambes en oubliant la tête : « le mieux, c’est de marcher en groupe, et de discuter ou de se réciter des poèmes de l’enfance. Il faut faire travailler son cerveau tout en avançant. » Ou même en reculant, d’ailleurs : « Les Chinois ont trouvé une autre solution : ils marchent à l’envers ! Parce que pour y arriver, il faut quand même beaucoup réfléchir (rires). »
LA MARCHE CONTRE LE CANCER
Utile pour prévenir les cancers (elle diminuerait de 20 à 30% le risque d’en souffrir), la marche serait également efficace pour s’en remettre. « Aujourd’hui, tous les cancérologues recommandent de l’associer aux autres méthodes plus modernes » explique le Professeur Carré. « Bien évidemment, cela ne remplace pas les médicaments, mais elle permet aux patients de mieux supporter la chimiothérapie, par exemple. »
Mieux encore, elle réduirait les risques de rechutes après la rémission : « Pour ce qui est des cancers du sein, nous avons observé qu’il y avait près de 50% de récidives en moins dans les groupes qui marchaient » avance François Carré. « Ce sont des chiffres énormes. »
« Mais globalement, poursuit l’expert, la marche a des effets bénéfiques sur tout un tas de choses, et plus précisément sur 36 maladies chroniques, comme la sclérose en plaques. » Alors, la leçon du prof est plutôt claire : il faut impérativement marcher. « Enfin, je dirais qu’il faut surtout pratiquer une activité physique. On parle de marche parce que tout le monde le fait, mais si vous préférez la corde à sauter, ça me va très bien. L’important, c’est de bouger ! »