Elle est comme le roseau de la fable de la Fontaine, un mannequin « dans le vent » qui plie sans jamais rompre. Et c’est ce qui fait son étonnante beauté !
Sara a grandi à Mpaka 120, un quartier populaire de Pointe Noire. C’est là qu’elle joue enfant au milieu d’une culture urbaine parfois brutale, c’est là qu’elle pousse comme « une grande tige », comme un roseau à plier parfois sous les moqueries de ses camarades de classe sans jamais rompre avec la fierté qu’elle a de sa silhouette. Dans ses années collège, on la surnomme la « Barbie », sans complexe elle en fera plus tard son pseudonyme « Black Barbie 242 » pour sa carrière de mannequin. Son mètre quatre-vingt aurait pu prendre la balle au bond, faire de Sara une joueuse de basket ball, elle avoue y avoir songé mais a préféré s’initier à la danse avant d’embrasser une carrière dans l’univers de la mode, dès ses 18 ans. « C’était en octobre 2015, Lukra Senomo, ancien coach d’Afrika Model Agency m’avait soufflé le nom de cette agence de mannequins. C’est là que j’ai rencontré Pascaline Kabré, sans doute la femme la plus influente dans le milieu de la mode au Congo. J’ai appris à marcher sur des talons hauts, je répétais au Gondwana. Deux mois plus tard, je faisais mon premier fashion show, c’était magnifique », s’est-elle souvenue.
Entre répétitions et podiums qui se multiplient, la jeune Sara voit son parcours universitaire défiler droit avec, au bout du chemin, un bac D + 3 en hygiène sécurité et environnement. Et, si l’on parle de son environnement familial, elle précise qu’à la maison, son éducation l’a conduit à surveiller son hygiène de vie, à ne pas être une fille de boites de nuit et qu’elle a toujours eu les encouragements et la confiance de son père, ingénieur en architecture aujourd’hui à la retraite, de sa mère et de ses huit frères et sœurs dont elle est la benjamine, la « petite » dernière. « Dans la famille, je suis la plus grande et la plus mince mais il n’y a pas d’effet génétique. Certains sont petits ou grands, gros ou minces. Et puis si cela peut rassurer certains, je ne souffre d’aucune anorexie. J’aime ma taille et ma silhouette, j’en suis même assez fière, je l’avoue. Cela me permet de me singulariser », a-t-elle précisé dans un éclat de rire.
Haute sur ses jambes à la manière dune mante religieuse, mince à l’extrême pour une extrême élégance, Sara Loko brise à cœur joie les stéréotypes de la beauté africaine et les images ressassées des poitrines opulentes et du bas des hanches rondement remplies. Si la minceur était, il y a quelques années, au cœur de l’esthétique de la mode à la manière de la fine Coco Chanel ou encore de la brindille Kate Moss, la tendance en Afrique a très peu suivi le mouvement. Pour autant, la ravissante Sara Loko n’en a cure et souhaite aujourd’hui imprimer un nouvel élan à sa carrière. La « Black Barbie 242 » s’est, en effet, exilée depuis quelques mois au Sénégal avec l’ambition de monter de nouvelles marches pour sa carrière de mannequin. « Je vois Dakar comme la capitale de la mode sur le continent africain et c’est pour moi l’opportunité de défiler pour de grands stylistes, avec l’espoir de porter fièrement sur mes fines épaules le drapeau tricolore de mon pays, le Congo. Vivre momentanément au Sénégal est pour moi un nouveau champ d’horizon », a-t-elle conclu.