Anne, 46 ans, se demande s’il est possible de demander à son médecin de prescrire une pilule du lendemain « au cas où » pour sa fille de 17 ans. La réponse de la Dre Catherine Solano, médecin sexologue et andrologue à l’hôpital Cochin (Paris).
En pratique, vous pouvez tout à fait demander à votre médecin une ordonnance pour une pilule du lendemain afin de l’utiliser « au cas où » pour votre fille. D’ailleurs, même une grand-mère ménopausée peut le faire ! Cette demande préventive est encouragée par les médecins et la santé publique, car cela permet d’éviter des grossesses non désirées et des IVG. Pour les mêmes raisons, je vous conseille également d’avoir à votre disposition un test de grossesse qui s’achète également en pharmacie, mais n’est pas pris en charge.
QUE DIRE À VOTRE FILLE ?
Je vous conseille vivement de ne pas chercher à enquêter sur sa vie intime, même si elle vous tient à cœur – à juste titre. Vous pouvez simplement lui dire : « Sache que j’ai une pilule du lendemain dans mon placard, et que j’ai aussi un test de grossesse. Si jamais une de tes amies avait une angoisse, surtout pense à me le demander. Je ne te poserai aucune question ! Tu sais, il y a des filles ou des garçons qui ont des difficultés à en parler à leurs parents et je sais que ça peut être très difficile… »
Profitez-en éventuellement pour raconter une histoire vécue dans votre entourage, celle d’une jeune femme en détresse qui a dû faire une IVG sans soutien ou qui a eu un enfant très jeune sans le désirer. Vous pouvez, de cette manière, aborder cette question indirectement et de manière plus personnalisée, exprimer votre tristesse devant ce type de situation et votre désir de l’éviter à toutes les jeunes filles de votre entourage. Malheureusement, presque tout le monde connaît des cas pour qui cela s’est produit…
Vous vous placerez comme une adulte qui est une personne ressource et responsable, sans devenir intrusive, ce qui est précieux pour une jeune fille. Elle comprendra très bien que cela peut lui servir éventuellement à elle aussi.
LUI LAISSER LE CHOIX DU MODE DE CONTRACEPTION
Je vous conseille de ne pas inciter votre fille à la prendre, mais plutôt à lui laisser le choix du type de contraception qui lui conviendra le mieux, et du moment où commencer. Si elle n’a pas de petit ami, elle n’a probablement nul besoin d’une contraception. C’est une situation fréquente à 17 ans. Vous pouvez lui indiquer le nom du planning familial près de chez vous ou celui d’un médecin gynécologue que vous appréciez, afin de lui dire : « Quand tu en auras besoin, je te conseille d’aller consulter à cet endroit. »
Laissez-lui cette liberté, et donnez-lui également l’argent suffisant pour régler une consultation si c’est nécessaire. D’autre part, pensez à lui signaler que le jour où elle en aura besoin, il faut qu’elle demande à son petit ami de venir consulter avec elle. Cela me semble capital d’inciter les hommes à participer à la contraception, puisqu’ils participent aux relations sexuelles ! D’autre part, le choix de la contraception se fait idéalement à deux.
ET SI VOUS AVEZ UN GARÇON ?
Exposez-lui les mêmes choses : l’adresse d’un médecin susceptible de prescrire une contraception, la possibilité de pilule du lendemain ou de test de grossesse (que vous possédez) et le conseil d’accompagner son amie lors d’une consultation de contraception ! Car un garçon, lui aussi, peut « faire des bêtises »comme vous dites…
NDLR : l’utilisation de préservatifs permet aussi de se protéger d’une IST.