En matière d’hygiène intime, certaines habitudes inadaptées ou certains produits peuvent fragiliser la flore vaginale. Le point sur les « poisons de la flore » avec le Dr Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue, auteur de Microbiote vaginal, la révolution rose.
1. PAS DE LAVAGE À L’EAU CLAIRE
Se laver à l’eau uniquement altère le film hydrolipidique protecteur et aggrave la sécheresse vaginale. Par ailleurs l’eau seule est inefficace pour éliminer les germes présents.
L’idéal est de se nettoyer d’abord à l’eau avec les mains du pubis jusqu’à l’anus puis de repasser aux mêmes endroits avec une noisette de produit d’hygiène intime, toujours avec les mains (et surtout pas avec un gant de toilette).
2. PAS DE SAVON DE MARSEILLE OU DE GEL DOUCHE
Le respect du film hydrolipidique naturel nécessite l’utilisation de produits d’hygiène « sans savon » appelés syndets dont le pH est plus compatible avec celui de la zone vulvaire, qui se situe entre 4,8 et 7,5. Le savon de Marseille ou les gels douche, très alcalins, présentent un risque de décapage de la peau encore plus pernicieux en cas d’irritation ou de mycose vaginale.
A noter que la toilette doit rester externe et se cantonner à la vulve : pas de douche vaginale, qui fragilise le microbiote local.
3. PAS D’ANTISEPTIQUES SANS AVIS MÉDICAL
Tous les antiseptiques sont des tueurs de lactobacilles. Or ces « petits locataires du vagin » comme les définit le Dr Bohbot, créent un environnement hostile pour les autres germes. Si l’on se lave quotidiennement avec un antiseptique, cela altère la qualité du microbiote vaginal donc ces produits ne doivent être utilisés que sur prescription médicale et sur un temps limité.
4. PAS DE PROTÈGE-SLIP EN DEHORS DES RÈGLES
Pertes physiologiques abondantes, crainte des règles irrégulières qui arrivent sans prévenir ou des fuites urinaires : de nombreuses femmes utilisent des protège-slips quotidiennement. Or, ces dispositifs qui absorbent l’humidité assèchent également la vulve, la rendant plus vulnérable.
5. PAS D’ÉPILATION INTÉGRALE
Si l’on est sujette aux infections, l’épilation intégrale renforce le déséquilibre du microbiote vaginal et vulvaire.
« Dans la région génitale, les poils jouent le rôle d’amortisseur vis-à-vis des agressions mécaniques dues aux sous-vêtements et les glandes sébacées protègent la muqueuse vulvaire. Or, en cas d’épilation intégrale, le poil et les glandes annexes sont éliminés et la peau s’assèche » souligne le médecin. Par ailleurs, « les microbes qui vivent habituellement sur l’épiderme, voient une brèche magnifique s’ouvrir ».