La chanteuse, actrice et mannequin, afro-américaine Solange Knowles est à la tête du mouvement revendicatif « Don’t touch my hair » (ne touchez pas à mes cheveux), pourquoi ?
Par Cindy Ahodehou
De nombreuses expériences discriminatoires et racistes vécues ont forgé la personnalité de Solange Knowles (sœur de la chanteuse Beyoncé) au point de l’amener à extérioriser son intériorité à travers un album culturellement engagé dans lequel est nichée en bonne place la chanson « Don’t touch my hair ».
« Don’t touch my hair » s’est imposé comme un mouvement révolutionnaire dont l’ADN consiste à dire : Stop aux attouchements des cheveux crépus.
Ce titre – Don’t touch my hair – qui par la suite a été donné au mouvement s’est vite imposé quasi-naturellement comme le symbole d’une revendication dont le but est d’assumer la particularité des cheveux africains, leur singularité et leur esthétique. Mais pas que.
De fait, Knowles profite de sa notoriété et de l’élan de solidarité suscités à la fois par son album et le mouvement pour dénoncer un comportement qui serait risible s’il n’était pas déshumanisant. En effet, Noires et métisses se font sinon quotidiennement, du moins régulièrement palper les cheveux par des personnes [notamment des blancs (ches)] qui n’y sont pas invitées. Prétexte ? Les cheveux des Noires ne sont pas communs. Et c’est là, que réside le problème !
Du point de vuede la communauté noire, les cheveux sont des « ressentis » que les femmes portent comme une «âme », une « couronne », un élément identitaire qui ne saurait être désacralisé par des attouchements intempestifs et non autorisés.
En popularisant ce combat par la musique et par un engagement citoyen, l’artiste noire-américaine savait bien que comme elle, il est des Noires qui subissent ces vexations et frustrations au quotidien, qui souhaitent faire entendre leur voix. Elle ne s’y est pas trompée.
D’autant que le mouvement a pris de l’ampleur, un véritable soutien s’est mis en marche par le biais des réseaux sociaux et aussi par l’organisation d’évènements divers traitant de cette question clivante, car pour certains elle est anodine, tandis que pour d’autres, elle symbolise leur voie qui diffère de celle de la bien-pensance.
En France, une célèbre coiffeuse martiniquaise, Murielle Kabile, a même organisé, en juin, un défilé sauvage à Paris baptisé fort opportunément « Don’t touch my hair ».
Neuf mannequins vêtues de tee-shirts tagués « Don’t touch my hair », arborant des coiffures afro-multicolores, ont défilé dans les rues de la capitale française pour que sonne enfin le tocsin pour ces personnes qui s’octroient le droit de palper les cheveux crépus sans y être invitées.
C’est d’ailleurs ce que reprouve Murielle Kabile : « Dès qu’une femme a les cheveux crépus, bouclés ou frisés avec du volume (…) les gens ne se posent pas de questions, ils mettent la main dedans pour voir si il s’agit d’une perruque ».
En si peu de temps, « Don’t touch my hair » s’est imposé comme un mouvement révolutionnaire dont l’ADN consiste à dire : Stop aux attouchements des cheveux crépus.
Les paroles de Solange Knowles attestent de cet engagement : « Ne touchez pas mes cheveux/Alors que ce sont les ressentis que je porte/Ne touchez pas mon âme/ Quand c’est le rythme que je connais/ Ne touchez pas à ma couronne » !