Au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali ou en Côte d’Ivoire, les créateurs de mode revoient leurs plans d’action pour faire face à la crise sanitaire et s’interrogent sur leur avenir.
Elle est l’une des créatrices sénégalaises de mode dont le succès à l’international n’est plus à démontrer. Mais, comme nombre de ses pairs, Selly Raby Kane a dû revoir toute son organisation face à la pandémie de Covid-19.
Dès l’annonce du premier cas dans son pays, début mars, la créatrice a fait le choix de fermer son showroom et son atelier situés dans le quartier Sacré-Cœur, à Dakar, afin de protéger ses huit employés. « Dans la mesure où ils viennent de la banlieue, des Sicap ou de Grand-Dakar, il m’a semblé que c’était la première chose à faire », souligne la jeune femme.
Elle reçoit aujourd’hui beaucoup moins de commandes, alors que l’essentiel de sa clientèle – sénégalaise, nigériane, américaine et française – avait pour habitude de se déplacer en boutique. « Nous enregistrons des ventes tous les dix jours environ, au lieu de la fréquence journalière habituelle. Et elles concernent des demandes spécifiques de la part de clients avec qui nous avons tissé un certain relationnel ces dernières années. Ceux qui ont juste entendu parler de la marque ne sont plus au rendez-vous. »
Chute des commandes
À Bamako, Sow Namissa Thera, fondatrice de la marque de prêt-à-porter Ikalook, a également fermé boutique afin de protéger son équipe mais aussi ses clients. « Au bout de quelques jours, j’ai rouvert et tout réaménagé afin de pouvoir continuer à livrer. C’est qu’étrangement il y a encore de la demande – même si nous ne vendons plus que 20% de notre production locale, contre 90 % avant la crise, et que je me concentre aujourd’hui avant tout sur la création. »
« Mes employés qui prennent les transports en commun ou les taxis restent à la maison et ceux qui disposent d’un véhicule ou d’une moto peuvent venir continuer à travailler », ajoute-t-elle. Avant de détailler l’application des gestes barrières dans son atelier : masques, gel hydro-alcoolique, distance de deux mètres entre chaque poste de travail, etc.
Depuis peu, elle confectionne des masques en coton distribués gracieusement à 60 % de sa clientèle mais aussi vendus à des entreprises ou associations. « J’ai beaucoup hésité avant de me lancer là-dedans, ne sachant pas si ce serait réellement efficace. Et puis, j’ai commencé à entendre partout que c’était mieux que rien. »